L'Histoire des Patriotes
Le drapeau patriote
Certains affirment que le drapeau tricolore style a été inspiré par le drapeau de la France, symbole de la Révolution française qui a inspiré les Patriotes.
Les symboles canadiens nationaux émergent après 1832. Les couleurs du tricolore font l'unanimité tant au Haut-Canada qu'au Bas-Canada. Cependant, les significations des couleurs varient.
Une interprétation veut que les trois couleurs représentent des nations : les Irlandais (le vert), les Canadiens français (le blanc) et les Britanniques (le rouge). Une autre interprétation veut que ce drapeau s'inspire du drapeau révolutionnaire français de 1789 avec ses valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité. Enfin, d'autres croient que ce drapeau symbolisait pour les patriotes chrétiens la foi, l'espérance et la charité.
Le mouvement des patriotes
Le gouverneur est nommé par Londres, un conseil l’assiste et le peuple élit l’Assemblée législative. L’Acte constitutionnel reconnaît le fait français au Bas-Canada. Cependant, la majorité des postes-clés sont dirigés par des anglophones.
Vers le début des années 1830, la situation devient tendue et l’on soupçonne certains fonctionnaires de corruption.
De plus, les autorités demandent à l’Angleterre d’envoyer au Bas-Canada des immigrants anglophones, afin de favoriser l’assimilation des francophones.
Cette situation mène à un mécontentement de la population francophone, qui se regroupe autour de représentants de la grande bourgeoisie canadienne-française et de notables: notaires, médecins, enseignants ou marchands.
Le Parti Canadien, dirigé par Louis-Joseph Papineau, prétend ainsi répondre aux attentes de la population. En 1832, le parti de Papineau, devenu le Parti Patriote, crée des comités régionaux afin de diffuser ses points de vue sur les problèmes du pays.
Presque toutes les personnalités connues de la première moitié du XIXe siècle sont impliquées de près ou de loin dans les événements. Plusieurs d’entre ces hommes ont rejoint les rangs du Parti patriote ou des Fils de la liberté.
En fait, les “troubles de 1837-1838 constituent l’aboutissement d’une triple crise. Tout d’abord, il s’agit d’une crise nationale nourrie de l’opposition grandissante entre une majorité canadienne et une minorité britannique. En deuxième lieu, c’est une ample crise politique entretenue par la volonté du Parti patriote d’obtenir une véritable assemblée législative responsable devant le peuple en non plus devant l’Exécutif. Enfin, c’est une crise économique qui appauvrit les agriculteurs et les pousse à suivre les leaders politiques.
Bataille 1837-1838
Au printemps 1837, à la suite de l'adoption par le Parlement britannique des résolutions Russell, qui rejettent définitivement les réformes proposées par la Chambre d'assemblée du Bas-Canada, les moyens constitutionnels de réformer les institutions politiques de la colonie semblent épuisés. Pour tenter de dénouer l'impasse et se protéger les uns des autres, les patriotes et les bureaucrates font provision d'armes. Le pouvoir colonial, fort de l'appui de l'évêque de Montréal, mobilise l'armée et interdit les assemblées dites séditieuses, mais plusieurs auront lieu pendant l'été et l'automne. Dans un climat de violence croissant, le premier affrontement d'importance éclate à Montréal le 6 novembre 1837 entre les Fils de la liberté, une association politique et paramilitaire regroupant de jeunes patriotes, et le Doric Club, une association de loyaux radicaux.
Afin de prévenir l'insurrection appréhendée, le gouvernement colonial lance des mandats d'arrestation contre 26 dirigeants patriotes, accusés de haute trahison. Pour faciliter leur capture et écraser un éventuel soulèvement armé, le commandant britannique, John Colborne, dépêche ses troupes dans les comtés de Richelieu et de Deux-Montagnes. Les patriotes affrontent les troupes coloniales et remportent la bataille de Saint-Denis, mais sont défaits à Saint-Charles, à Saint-Eustache et à Moore's Corner. Entre-temps, la loi martiale est proclamée dans le district de Montréal. Des centaines de patriotes sont emprisonnés, tandis que d'autres se réfugient aux États-Unis. En guise de représailles, les volontaires loyaux exercent une importante répression dans les villages qui se sont soulevés.
Pour faire le point, les chefs patriotes exilés aux États-Unis se réunissent à Middlebury, dans l'État du Vermont, le 2 janvier 1838. Sous la direction de Robert Nelson, ils conviennent de s'emparer du Bas-Canada par les armes. Louis-Joseph Papineau, qui prône la modération, est écarté de la chefferie du groupe. Le 28 février, les patriotes exilés proclament la république du Bas-Canada à Caldwell's Manor. Au cours des mois qui suivent, Nelson fonde une association militaire secrète, les Frères chasseurs, et recrute des combattants.
En mai 1838, John George Lambton (lord Durham), nommé gouverneur en chef des colonies de l'Amérique du Nord britannique, arrive à Québec pour enquêter sur les rébellions et proposer des solutions à la crise politique des Canadas. Il fait déporter 8 chefs patriotes aux Bermudes et interdit le retour au pays de 16 autres exilés aux États-Unis, dont Papineau.
Au mois de novembre 1838, les Frères chasseurs lancent leur offensive, qui est coordonnée avec celle des rebelles du Haut-Canada. Le plan d'attaque s'avère toutefois trop ambitieux pour être réalisé. Désorganisés et mal approvisionnés, les Frères chasseurs dirigés par Nelson sont mis en déroute par les volontaires loyaux pendant les batailles de Lacolle et d'Odelltown. La répression qui suit l'épisode insurrectionnel de 1838 est tout aussi sévère que celle de 1837. Des maisons et des fermes sont pillées et incendiées, des centaines de patriotes sont emprisonnés, 58 sont déportés en Australie et 12 sont exécutés.
Lord Durham dépose son rapport à Londres en 1839. Il propose l'union législative du Haut et du Bas-Canada en une seule province, l'assimilation des Canadiens et l'octroi de la responsabilité ministérielle. L'Acte d'union, qui est inspiré du Rapport Durham, est adopté par le Parlement britannique en 1840 et est mis en vigueur l'année suivante.
Parti Patriote 1826
LES DOUZE PATRIOTES PENDUS
LES DOUZE PATRIOTES PENDUS AU PIED-DU-COURANT
Au lendemain de l'affrontement sanglant entre les 6,000 soldats de Colborne et les quelque 1,000 patriotes dirigés par Robert Nelson, à Odelltown près de la frontière, au début de novembre 1838, on comptait 50 morts et 50 blessés parmi ces derniers.
Les troupes ont pourchassé les patriotes, les dispersant du côté de Beauharnois, dont le village a été brûlé par les "Glengary Volunteers " - Ontariens d'origine écossaise. Toutes les maisons des patriotes connus ont été incendiées.
Le 19 novembre, Colborne détient 753 prisonniers dont 99 sont condamnés à mort. Léandre Bergeron, dans son "Petit manuel d'histoire du Québec, raconte que Adam Thom du "Montreal-Herald" réclame des exécutions immédiates. "Il serait ridicule d'engraisser cela tout l'hiver pour le conduire plus tard à la potence", écrit le journaliste montréalais.
Colborne ordonne donc l'exécution publique de 12 patriotes. Les exécutions auront lieu devant la prison de Montréal, au Pied-du-Courant, à l'angle des rues Notre-Dame et de Lorimier, où se dresse aujourd'hui un monument à la mémoire des douze pendus.
Quant aux autres condamnés, on sait que 58 d'entre eux ont été déportés en Australie, dans des colonies pénitentiaires, deux ont été bannis du pays et 27 ont été libérés sous caution. La sentence de la majorité des condamnés à mort a été commuée.
Qui étaient les douze patriotes pendus?
Pour répondre à cette question, nous avons fouillé dans "l'Histoire des patriotes", de Gérard Filteau, dans "Peuple de la nuit", de Joseph Costisella, et dans le "Petit manuel d'histoire du Québec", de Léandre Bergeron:
CARDINAL JOSEPH NARCISSE
DUQUETTE JOSEPH
Costisella écrit: "Le bourreau avait mal ajusté la corde. Dans les convulsions du pendu, on vit le corps de Duquette aller de droite à gauche, puis frapper violemment la charpente ferrée de l'échafaud. Son visage se remplit de meurtrissures, le sang se mit à couler sur ses vêtements. Il vivait toujours. La foule hurla de dégoût et demanda sa grâce. Mais, sur les ordres de l'occupant, le bourreau saisit la corde, ramena le supplicié sur l'échafaud et recommença son œuvre de mort. Il fallut 20 minutes et deux cordes pour l'assassiner."
DECOIGNE PIERRE THÉOPHILE
HAMELIN FRANÇOIS-XAVIER
ROBERT JOSEPH JACQUES
DAUNAIS AMABLE
SANGUINET AMBROISE
SANGUINET CHARLES
DE LORIMIER CHEVALIER FRANCOIS-MARIE-THOMAS
Delorimier avait 30 ans, était marié et père de trois enfants lorsqu'il est monté au gibet d'un pas ferme, le 15 février 1839. La veille de sa mort, depuis sa cellule de la prison de Montréal, il avait rédigé son testament politique qui se terminait ainsi: "... Et je meurs en m'écriant: vive la liberté, vive l'indépendance!"
NARBONNE PIERRE RÉMI
NICOLAS FRANÇOIS
HINDELANG CHARLES
Bataille de Saint-Eustache (14 décembre 1837)
Les affrontements commencent vers la mi-novembre. Les Patriotes sont confrontés à une armée bien entraînée, mieux équipée et beaucoup plus nombreuse. Ils perdent ainsi la plupart des combats. La bataille de Saint-Eustache, un village proche de Montréal, eut lieu le 14 décembre 1837. Malgré leur défaite à Saint-Denis et après leur victoire de Saint-Charles en novembre, les troupes anglaises marchent vers Saint-Eustache avec confiance.
Le 14 décembre, à la tête de plus de 1200 soldats et volontaires, le général John Colborne se lance à l’attaque de la localité.
Les Patriotes sont barricadés à l’intérieur du couvent, du presbytère et de l’église locale.
Jean-Olivier Chénier, devenu commandant en chef après la fuite d’Amury Girod, se réfugie avec 150 Patriotes dans l’église. Il donne l’ordre de résister le plus longtemps possible. Le combat se poursuit donc, en dépit de la supériorité des troupes adverses.
Après une tentative manquée pour pénétrer dans l’église, les Anglais décident d’y mettre le feu vers la fin de l’après-midi. L’église et le village sont en flammes et les Patriotes finissent par se rendre.
Chénier est tué alors qu’il tente de fuir, atteint par deux balles en pleine poitrine.
Près de 70 patriotes ont trouvé la mort dans la bataille de Saint-Eustache, ainsi que dix soldats anglais.
Mon ancêtre
Je n’y ai plus repensé jusqu’à ce que, quelques semaines plus tard, je découvre une enveloppe jaune dans ma boîte aux lettres. Jean Paul L’Allier avait tenu parole. À la lecture des documents, je me suis découvert un patriote parmi ma lignée. Un jeune gars de Châteauguay, fougueux et idéaliste, du nom de Joseph Duquet. Il a fini au bout d’une corde, pendu haut et court par les Anglais pour crime de haute trahison, par une froide journée du mois de décembre 1838.
Moi qui m’imaginais descendre d’une lignée de colons canadiens-français sans histoire! Je découvrais qu’au contraire, un de mes ancêtres a joué un rôle clé lors de la révolte des patriotes. Si j’étais fier? Un peu, oui. Un de mes ancêtres, un lointain arrière-arrière-arrière-etc. cousin avait contribué, et de près, à forger la petite histoire du Québec.
J’ai lu les documents comme on lit un roman, à toute vitesse, curieux de savoir la fin. Sauf que ce n’était pas de la fiction. C’était de l’histoire. L’histoire de ma famille, mais aussi celle du Québec à travers elle. Le récit était d’autant plus prenant que je me sentais connecté par les liens du sang avec ce jeune patriote de Châteauguay, révolté, courageux, téméraire, qui allait connaître une vie aussi courte que tumultueuse.
À l’heure où je rêvais de devenir journaliste ou psychologue (eh oui!), Joseph Duquet voulait devenir notaire. C’est en faisant ses études auprès de gens comme Chevalier de Lorimier et Joseph-Narcisse Cardinal qu’il développera sa fibre patriotique.
Mon ancêtre a participé à des combats, échappé à des embuscades. Il a dû s’exiler un temps au Vermont pour éviter d’être pris par les Anglais. L’année de sa pendaison, il était revenu dans la région de Châteauguay où sa mère et ses soeurs habitaient. Il voyageait d’une paroisse à l’autre afin de recruter des patriotes.
Il a fini par tomber dans un piège tendu par les Anglais en novembre 1838, alors qu’il tentait, avec d’autres compagnons, de s’emparer des armes des Amérindiens de Kahnawake. Il est condamné à mort pour haute trahison et emprisonné à la prison au Pied du courant, à Montréal, en attendant son exécution.
J’ai frémi en lisant le récit de ses derniers moments. En montant au gibet, le 21 décembre,il tremble tellement que ses geôliers doivent le soutenir. La pendaison se déroule mal. Le bourreau lui ayant mal passé la corde autour du cou, celle-ci glisse à la hauteur du nez au moment où la trappe s’ouvre. Joseph Duquet se fracasse la tête sur l’échafaud. Pendant que la foule crie: grâce, grâce!, mon ancêtre pendouille, le visage en sang, en râlant au bout de sa corde. Son agonie se prolongea 20 minutes, paraît-il, le temps que le bourreau prépare une seconde corde et coupe la première.
Tout cela m’a donné le goût de pousser les recherches plus loin. L’histoire de mon premier ancêtre au Canada est loin d’être banale. Denis Duquet fut l’un des tout premiers défricheurs de la Nouvelle-France. Il est arrivé en 1612, quatre ans à peine après la fondation de Québec. Si ça se trouve, il devait accompagner la deuxième expédition de Samuel de Champlain.
C’est ainsi qu’en remontant les 12 générations de Duquette, j’ai découvert que mes descendants ont croisé les familles Laflamme, Lemieux, Poliquin, Jalbert, Fortier, Chartier, Gauthier, Bourbonnais…
Aujourd’hui, quand je pense à Denis le défricheur ou à Joseph le rebelle, je me reconnais. Je reconnais mes grands-parents, mes parents, mes oncles, mon peuple. J’aime penser qu’une partie de leur courage et de leur ténacité s’est transmise à travers les générations. Ils servent de repères dans un monde où on en cherche souvent.
Merci, monsieur L’Allier.